Etat d'âme...

Ereinté par une nouvelle journée de labeur Cra-poutou s’en allait regagner sa couche.

En passant devant la Nef des Fidèles, d’anciens souvenirs l’assaillirent… Que de temps passé depuis…
Entre son arrivée tonitruante et se récente affection dans l’ordre des Archangels, que de changements… Fini les combats épiques contre les bouftons et les araknés ! Maintenant la priorité était à ce que sa nouvelle famille appelait les QUETES…
Même si le chemin du château Wa était encore bien tortueux, il sentait bien qu’il s’en rapprochait de plus en plus… Alors qu’il n’y a pas si longtemps, il ne lui serait même pas venu à l’esprit de prendre le bateau en direction de cette lointaine contrée. Mais les Archangels étant si généreux, ils lui avaient fournis tous les documents afin qu’il ne se perde pas dans cette jungle lapinesque.
Il avait bien essayé de les remercier à sa manière, mais les quelques potions déposées dans le coffre afin de réparer leurs armes mises sans cesse à rude épreuve ainsi que les quelques brins de chanvre pour aider l’Oracle à confectionner des potions d’énergie passaient quasiment inaperçues au vu de ce que désiraient réellement ces êtres de lumière.

D’ailleurs que voulaient-ils au juste ? Comment pourrait-il enfin, un jour, être à la hauteur ? Il sentait bien certains regards de biais lorsqu’il se rendait au mess des Archangels. Bien sûr il y avait toujours ce Efer qui le regardait de haut, mais Poutou savait à quoi était due cette attitude.
Un jour où le cuisinier présentait comme plat du jour de magnifiques cuisses de tofu, Poutou avait commis l’erreur de retourner au rab et de prendre la dernière… Il entendit le Primogardien jurer tout bas juste derrière lui… S’ils n’avaient été que tous les deux, Poutou n’aurait pas donné cher de sa peau…
Depuis le crâ ne retournait plus jamais au rab, de peur de se faire piétiner par l’immense Primogardien. Mais les autres, lui en voulait-ils ? Où était-ce un simple sentiment de paranoïa ?
Dans les premiers temps, Chibi fut bien en peine de constater que les deux crâs portaient les mêmes vêtements, mais il comprit bien vite que le bleu délavé des guenilles de Cra-poutou faisait bien piètre figure face à la splendeur de sa tunique immaculée.

En fait celle qui inquiétait le plus le crâ était cette femme toute menue mais dont l’aura était tellement forte qu’il baissait systématiquement les yeux sur son passage : l’Oracle.
Lors de sa toute première venue, c’est elle qui avait déjà mis les points sur les « i » afin que Poutou aille réaliser ses épreuves.
Lors de son admission, elle ne daigna même pas lui accorder le moindre crédit. Elle en ignorait même le désir du crâ de conserver sa neutralité.
Poutou eu beau lui présenter maladroitement ses arguments, elle semblait n’en avoir cure. « Tu es chez les Archangels, il te faut des ailes d’ange » répétait-elle inlassablement.
Poutou savait également qu’elle tenait ce discours à tous les membres de la guilde. Il comprenait bien sûr que ces ailes était le symbole ultime du bien, mais pourquoi diable s’entêtait-elle de la sorte ?
Elle qui savait tout, elle qui connaissait le plus profond de l’âme de chacun, ne voyait-elle pas que Poutou n’aspirait qu’à faire le bien autour de lui ? Qu’aucune amertume n’assombrissait son cœur ? Et pourtant elle continuait inlassablement son travail de sape.
Les événements récents avaient bien prouvés que mêmes certaines personnes possédant ces ailes si sublimes n’en étaient pas dignes. Jamais Cra-Poutou n’aurait osé s’en prendre à des innocents, lui, comme l’avait fait sans vergogne ces pseudos-anges.
Et pourtant il semblait moins considéré par l’Oracle que ces païens. L’Oracle était-elle à ce point bornée qu’elle en oubliait les principes de base ? L’humanité, la charité, la liberté de tout à chacun, l’acceptation de la différence de l’autre ? Tous ces beaux principes n’avaient donc plus cours, même ici, dans cette guilde angilesque ?
Le pouvoir des kamas commençait-il à lui tourner la tête ? Même s’il se trompait Cra-poutou sentait que l’Oracle ne l’avait pas pris en grippe pour autant. Mais elle semblait fermement décidée à ne pas lui ouvrir son cœur et faire acte de bonté en l’acceptant tel qu’il était.
Pensait-elle sincèrement qu’un membre sans ailes mais avec un cœur pur était une honte ? Où ne voulait-elle pas accorder à Cra-poutou l’importance qu’il pourrait apporter à la guilde en étant justement le seul à ne pas arborer de plumes ?
Pourtant certaines dames de la guilde voyaient dans le crâ et son absence d’aile, un frêle oisillon sur lequel elles veillaient comme à la prunelle de leurs yeux. Et les fiers guerriers faisaient obstacle de leur corps pour ne pas que le crâ subisse le moindre dommage. Ainsi l’Oracle estimait que ces comportements n’avaient pas lieu d’être ? Elle préférait que Cra-Poutou endosse ces ailes avec les trop lourdes responsabilités qu’elles représentent pour le moment pour ce jeune novice ?
Que de questions qui le tiraillaient chaque jour un peu plus, à l’approche de l’échéance de la fin de sa période d’essai… Après tous ces efforts, allait-il être refoulé au parvis du sanctuaire suprême ? Devait-il s’en aller de lui-même ? Tout ça pour avoir eu l’honnêteté et le courage d’assumer ses faiblesses ? Le destin s’acharnait donc décidément à nouveau sur lui…
Pensant trouver enfin un havre de paix, il créait à nouveau la zizanie au sein d’un groupe uni et fier. Mais peut-être se trompait-il. Peut-être que l’Oracle l’avait réellement compris et le testait encore et toujours. Peut-être ne voulait-elle pas que sa jeunesse relative pour assumer une telle responsabilité en cas d’échec, soit un argument pour ses détracteurs.
Car elle aussi devait mener une drôle de vie. Assurer la gestion quotidienne et les énormes responsabilités dues à son rang, alors que tant d’autres jeunes filles de son âge ne pensent qu’à batifoler et courir dans les champs de blé. Certes, la vie de l’Oracle n’avait pas due être de tout repos non plus… C’est sur ces pensées nostalgiques que Poutou fini par s’endormir d’un sommeil lourd mais agité…

Kanako ne savait que penser. Son coeur balançait entre deux sentiments. Les Archanges se doivent de répercuter la voix de Bonta à travers le monde, ceci devenait une nécessité mais d'un autre côté comment en vouloir à ce cra quand qu'elle même avait accepter de prendre comme époux un être du mal.

Mais Kanako n'est pas défaitiste, le bien est en chaque coeur il suffit de le réveler. Elle avait de l'estime pour le cra et ne pouvait se résoudre à le perdre. Ce même cra ne voyait il donc pas qu'il allait rentrer dans une famille. C'est à dire avec ses joies et ses tristesses mais surtout avec le soutien de tous.
Certes il était peut être moins puissant que d'autres, certes il était plus pauvre que d'autres mais il allait avoir une famille. Cette famille le soutiendra dans la voie du bien.
L'enie espérait que Poutou comprendrait. Le choix qu'il avait à faire n'est pas si dur à supporter car il aura du soutien. Le moustik avait déjà proposé son soutien....si même le moustik s'y met !

Les forces du mal ne sont pas si actives que le pense le cra, les pretres sont de plus en plus nombreux dans Bonta et les potions ne sont pas inaccessibles.

L'enie était au bord des larmes en repensant à la perte possible d'un être si grand. Elle préfera aller se réfugier dans les cuisines auprès d'efer en allant manger des sucettes.

Une colombe vint se poser sur l'épaule de Crâ-poutou. Celui-ci failli choir son le poids de l'énorme volatile.

- "Nom de nom! Mais qu'est-ce donc que ce golgoth ? Est-ce que pareille monstre peut réellement exister ? Reve-je? C'est plus une colombe là, c'est une dragodinde!"

L'énorme animal ne bougeait plus et Crâ sentait son épaule céder sous son poids. Il chercha vainement à décrocher une casserole de sa ceinture afin d'assommer la bestiole quand il s'aperçu qu'un micro-parchemin était accroché à sa patte. Il renonça donc a l'euthanasie du poulet : de toute façon, le regard de moineau de la bête aurait surement retenu son bras bien avant qu'il n'abattent l'ustensile sur sa tête.

Il Déposa la colombe sur la table en s'assurant qu'elle serait assez solide pour la supporter, puis il décrocha le parchemin et le lut :

Citation :: Cher Crâ-poutou,

je te fait parvenir ce message à l'aide de ma colombe-express pour d'inviter à venir me voir promptement dans mon bureau.

Le primogardien,
Efer

- "C'est donc ça" pensa-t-il en regardant la colombe, "Je comprends mieu!"

Il se rendit donc à la cuisine, où il s'avait qu'il aurait plus de chance de croiser le gros Féca. Et il ne s'était pas trompé. Efer était affairé devant une enorme marmitte en fonte de laquelle se dégageait des odeurs succulente. Il allait le saluer mais le gardien le devança sans même le regarder.

- "Assieds toi Poutou, et sers toi un café".

Le Crâ s'exécuta. Le gardien mis la cuillère dans la bouche, fit claquer sa langue sur son palais. Semblant satisfait, il sorti la marmitte du foyer et se retourna en direction du Crâ.

- "Tu as sans doute remarquer que l'Oracle ne cédera pas au sujet de ton engagement dans la milice de Bonta. Je voudrais simplement que tu comprenne une chôse essentielle. Tous ici on appris à te connaître, et malgré ton attitude rustre, nous t'aimons tous comme tu es."

Crâ-poutou se senti soudain mal à l'aise. Le Féca poursuivi :

- "Cependant, tu sais que l'Archangel est un ordre guerrier voué à la protection d'Amakna et à la lutte contre les ailes écarlates. Or depuis peu, Brakmar semble se réveiller. De plus en plus de signes nous laissent à penser que les démons projette bientôt de mener une offensive des plus dévastatrice. L'Archangel va bientôt devoir s'engager dans une guerre longue et difficile dans laquelle il devra pouvoir compter sur toutes ses forces. Or tu le sais, nous ne pouvons mettre en péril la vie de civils."

Il fit une pose mais ses yeux perçant, qui semblaient minuscule au milieu du visage bouffi du Féca, semblait le sonder jusqu'au plus profond de son âme.

- "Poutou, nous aurons besoin de toi. Même si tu la juge insignifiante, ta présence dans nos rangs est pour nous essentielle et peut changer l'issu du combat. N'en veux pas à l'Oracle et comprends bien sa position. Elle a besoin de toi mais elle ne pourra compter sur toi que si tu portes les ailes de lumières."[/i]

Décrochant enfin le regard de sa tasse Cra-poutou osa regarder le Primogardien dans les yeux. Il pensait à l’origine qu’Efer le convoquait pour le faire griller sur une glyphe, pour cette ancienne histoire de rab de cuisse de tofu.
Mais c’était donc bien ça. Cette éternelle histoire d’ailes de lumière.
Et c’était donc là l’argumentaire que ces pseudos êtres purs lui opposaient. Lui qui courait par champs et par forêts pour ramener quelques menues ressources afin de montrer sa volonté de bien faire à sa manière on lui imposait donc maintenant le port de ce costume digne d’une meneuse de revue.
Quelle belle mentalité qu’imposer une chose à un faible… Le Primogardien savait pourtant que le crâ ne buvait jamais de café. Ca le stressait de trop et l’empêchait de dormir.

Ainsi donc l’Oracle régnait d’une main de fer sur cette guilde et imposait son diktat à chaque nouveau venu sans leur laisser la moindre opportunité de liberté.
Quelle belle famille le crâ allait intégrer là…
Et ce Efer qui le toisait de haut avec son sourire narquois… Quittes à ce que cela lui en coûte la vie, Poutou se leva, soutenant toujours le regard du Primogardien et lui jeta à la figure :

« Ecoutes bien : Primogardien ou pas Primogardien… Si elle arrive encore à décoller, tu enverras ta colombe prête à exploser à celle qui te dirige et tu lui diras bien que jamais, tout misérable que je suis, jamais tu m’entends, du moins dans l’immédiat, je me répète, mais jamais à l’heure actuelle je n’endosserais ces ailes aux responsabilités si lourdes.
L’argent et la force physique ne font pas tout. En venant je regardais cette longue galerie de portraits qui ornent vos murs. Vous me faites bien rire… Il y a plus d’Archangels partis que d’Archangels encore en activité.
Pour ceux ayant signifiés leur désaccord, en avez-vous tenu compte ? Il semblerait bien que non. La remise en question ne semble pas être votre fort.
Vous êtes les Archangels, vous avez des ailes, vous luttez contre les démons, vous êtes les meilleurs. Mais ceci à quel prix.
Discorde, dissensions, intolérance. Autant de mots propres au vocabulaire du Mal. Et pourtant ils sont bien employés au sein de cette maison angélique.
Tu oses me parler des Archangels comme de guerriers ? Mais alors lorsque cette guerre sera finie, car tel est bien votre objectif tout de même, non ? Donner une issue à cette guerre incessante, même si celle-ci est loin d’être proche ?
Donc lorsque cette guerre sera finie, à quoi donc vous serviront vos ailes ? A vous pavaner ? A parader tels des dindons en rut ? A faire incliner devant vous les malheureux neutres que vous avez sauvés d’une mort certaine ? Aaaahhh… Merci messieurs les grands princes…
Erigeons donc des statues à votre grandeur d’âme… Et inscrivons également en dessous sur une plaque funèbre la liste de tous ceux qui ont péri par des coups d’épées des VOTRES, oui, de ceux qui ont endossées de telles ailes mais qui n’ont pas su en être digne, sûrement car elles leur avaient été injustement imposées, comme tu tentes de me les imposer de la sorte.
Ainsi donc ce n’est pas un signe de mérite ces ailes comme je le pensais depuis toujours ? Mais bel et bien un signe de ralliement, de panache ? Ce n’est pas au fil du temps et d’efforts intenses qu’elles poussent naturellement mais bien un passe-droit ?
Moi qui il y a encore peu ne jurais que par des femmes de papier de peu de vertu, serait donc devenu, parce que Madame Nel l’a dit, un ange ?
Excuses moi d’un tel parjure en ces lieux oh votre Altesse Sérénissime baffreur devant l’Eternel, mais as tu seulement pensé à soumettre cette décision au vote démocratique, mmm ? La démocratie, encore un mot d’ouvrages pas assez souvent ouverts je pense…
Lorsque Kanako a déclaré sa flamme à un être malsain, qu’avez vous privilégié à ce moment là ?
Pourquoi ne vous êtes vous pas bornés à lui imposer de renoncer à ce mariage hors nature ? Car peut-être qu’à l’époque vous aviez privilégié le pur sentiment qu’était l’amour. Et maintenant ? Voilà comment vous considérez les gens aspirant à la paix ?
La graisse animale t’aveugle et l’odeur du sang malsain enivre ta patronne.
Certes ces termes n’engagent bien sûr que moi. Certes tu vas me pondre un couplet sur le fait que je ne devrais pas dire de telles choses et mettre ça sur le compte de ma maladresse. Tu pourrais même me chasser pour avoir tenus de tels propos.
Et pourtant, si avant de faire quoi que ce soit, tu pouvais retenir de cet entretien le fait que si vous continuez sur cette voie, jamais vous ne parviendrez à être une vraie famille au sens humble du nom et à obtenir une harmonie céleste en Amakna, alors le temps se chargera de te le prouver.
Et la douce Kanako qui me parlait ce matin encore de la douce famille Archangel. Oui je n’ai jamais eu de famille, mais j’ai eu l’occasion d’en rencontrer plus d’une. Et dans toutes ces familles qu’il m’a été donné de fréquenter, les plus merveilleuses n’étaient sûrement pas celles qui dictaient à chacun ses orientations.
Mais avant de partir en courant de ton antre cher Efer, si tant es que tu m’en laisses le temps et l’opportunité, saches que je ne regrette rien de ce que j’ai fait ou dit jusqu’à présent. J’apprécie énormément chaque personne qu’il m’a été donné de côtoyer jusqu’ici chez les Archangels.
Alors de grâce, même si je n’ai pas réussi à te convaincre de ma bonne foi et de mon attachement de cœur aux Archangels, j’en appelle à ce qui est censé être l’âme des Archangels, je ne demande ni l’aumône ni le pouvoir ultime, juste de pouvoir continuer à vivre au milieu de vous en toute liberté entouré de gens biens. Je ne demande pas d’ouvrir la porte en grands à tous les postulants du genre, mais juste un petit crâ neutre bon, prônant fièrement à côté des plus grands, ne serait-ce pas là une preuve supplémentaire de votre grandeur d’âme et surtout de votre ouverture d’esprit ?
Sur ce, tant de paroles m’ont desséché le gosier ! Jamais je n’aurais cru te tenir un jour un tel discours en face… Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je t’aime bien dans le fond. Et j’ai juste laissé parlé mon cœur…
Alors ? Je… je peux partir… ?... S’il te plait ? Efer ?...Tu ne va pas me brûler ? »

A la surprise du Crâ, Efer n'eut pour seule réponse qu'un faible sifflement.

- Quoi pfiou? T'as rien d'autre à dire ? Ah ah, je t'ai rabattu ton caquet obèse magnificience!

Répondant à l'appel de son maitre, la grosse colombe fit son apparition dans l'encadrement de la fenêtre. Elle tenait dans ses pattes un petit grimoire richement décoré. Elle survola la table et lacha le livre juste devant le Crâ. Elle continua son vol et se déposa lourdement sur la tête de l'excité qui fut contraint à s'assoir sous le poids de l'oiseau.

A sa stupefaction, Poutou vit que le livre qui s'était ouvert devant lui n'était autre que le livre qui tronait sur l'autel de la chapelle qu'il avait squatté. Efer fini par s'exprimer :

- Laisse moi te raffraichir la mémoire Poutou.

Il pointa du doit une paragraphe qui se détachait des autres par une casse plus grasse que le reste du texte.

Citation :: Attention, les candidats doivent avoir acquis un minimum d'expérience. Nous estimons qu'un guerrier ne peut-être aguerri avant sa cérémonie de remise du 31è dan. bien entendu, le candidat doit être porteur d'ailes blanches.

- Personne ici ne te force à porter des ailes. Mais sache qu'a l'heure actuelle, nous ne pourrons jamais venir à ton secours. Si tu venais à croiser la route d'un de ces vils démons, nous ne pourrons qu'assister impuissant à ta mise à mort. Arrête donc de ne regarder que ta petite personne. Jamais les gardiens n'ont imposé quoi que ce soit. Chaque membre de l'Archangel dispose de son libre arbitre. En s'engageant dans l'Ordre, ils ont promis d'être fidèle à ses valeurs cependant, ils sont libre de s'en aller.

Il s'assit au coté du Crâ et se rapprocha de lui comme s'il avait voulu lui confier un secrêt. La colombe devenait pesante sur la tête de Poutou. Il songeait de plus en plus à utiliser sa casserolle mais celle-ci eut la bonne idée de s'envoler. Le Féca parla d'une voix douce :

- "Nous n'avons jamais retenu personne mais nous les avons tous regretté. Ils sont tous dans nos mémoires et le demeureront à jamais : TooII, Latrell, Lisaya, Eve, Hunter, SpirallianZ, Utopi, Esmeralda, Eowine, Wildforest, Comte-Arebour, Ogam, Vlachenfels, Yann. La liste est longue mais nous avons respecté leur choix. Kanako est fidèle à nos valeurs même si elle a donné son coeur à un ennemi de Bonta. Elle devra sans arrêt remettre ses choix en question. Elle en souffrira mais nous n'avons ni le droit ni l'envie de la juger."

Le gardien posa une main sur l'épaule du Crâ :

- "Nous ne désirons qu'une chose : Pouvoir te soutenir quelque soit les épreuves que tu devras affronter. Etre là pour que jamais quelqu'obstacle ne te parraisse insurmontable et savoir que tu sera toujours derrière lorsque le malheur frappera un de nous. Crois-moi, il n'y a rien de pire que d'assister à la mort d'un être cher sans pouvoir lui venir en aide."

Le gardien avait la voix qui tremblait en prononçant ces derniers mots. Poutou savait qu'il pensait à sa famille de Fou'Gass. Le Féca se releva et retourna à sa marmitte.

- "Tu peut te retirer Poutou. Mais je t'en prie, recueille-toi et penche-toi à nouveau sur les engagements et la signification de l'Archangel. Alors seulement, tu pourras décider de ce que sera ton avenir parmi nous. Ne soit pas pressé mais ne tarde pas non plus : la menace approche à grands pas!"

Puis il ajouta alors que la colombe repointait le bout de son bec, chargée d'un parchemin :

- "Tiens, voici un parchemin que l'Oracle m'a demandé de te remettre".

Nel a écrit:: Cher Crâ-Poutou,

Je crains que tu n'aies pas compris qui nous sommes. Je te l'ai expliqué cent fois, mais tu ne sembles pas vouloir l'entendre.

Tu nous accuses d'être des Vantards fiers de nos Ailes, de ne pas les considérer comme du mérite mais du panache... nous en sommes fiers en effet, car elles nous permettent d'aider les plus faibles. Sans elles, tu ne peux pas leur offrir ce que nous leur offrons. Et bientôt, lorsque nous serons comme des frêres dans la bataille, nous entraidant, aidant les Innocents attaqués, tu ne pourras que nous observer, de loin.

Tu dis également vouloir rester à nos côtés malgré tout ça... mais qui est "fier" alors ? Qui ne veut que la gloire sans le dévouement ? Je ne pense pas que tu sois attiré par cela, mais dans ce cas ne nous accuse pas non plus, je t'en prie.

Je ne te comprends pas, tu sembles te contredire dans ta fureur. Tu nous prends pour des monstres assoiffés de sang, particulièrement Efer et moi-même, mais tu affabules ; nous ne sommes que les défenseurs des valeurs que nous croyons justes et qui ont toujours été les nôtres. Tu accuses les Anges d'être vils et fourbes, en est-il de même de nous ? Si oui, pourquoi t'intéresses-tu à nous ? Et si non... comprendras tu que tu accuses ceux que nous combattons également, les Déchus ?

Nous sommes une Guilde Angélique. Cela est inscrit sur notre Blason, sur les portes de notre Sanctuaire, sur chaque Édit que nous affichons. Tu le savais. Tu connaissais le règlement. Les Archanges qui connaissent, fréquentent ou aiment des Brakmariens le savent, si une Guerre ou une Bataille éclate, il faudra suivre ses Ailes et son devoir. Et ils le feront. Tu refuses cette voie malgré le Bien que nous faisons autour de nous, c'est ton choix, mais ne nous accuse pas d'être des dictateurs lorsque tu refuses d'aider comme nous ceux que nous chérissons mais nous réclame un droit de cité au sein d'un groupe que tu dénigres.

J'espère que tu me liras sans haine et avec un esprit ouvert et que tu comprendras enfin. En tous les cas suis ta Voie, quelqu'elle soit, mais ne nous demande pas de ressentir de la pitié envers toi : nous voudrions te considérer comme tu le mérites, comme un véritable compagnon, un frêre.

Nel.

Le crâ resta distant... Les réparties cinglantes fusaient dans sa tête... Il préférait néanmoins ne rien en dire pour l'instant...

Se donner du temps...

Organiser tout ça...

Le Primogardien l'avait étonnament surpris.. Ainsi cet homme était abordable.

Il l'avait écouté, lui, Cra-poutou, fils de rien.

Il ne l'avait ni corrigé ni vélipandé...
Cra-poutou en était presque a regretter son emportement... Pourtant il ne pouvait se soumettre à ce que leurs demandait ces gens qui prétendaient le recueillir comme au sein d'une grande famille...

Il fallait qu'il réponde quelque chose au Primogardien. Le dialogue n'était pas le fort du crâ mais il devait faire l'effort.

Surtout ne pas s'emporter à nouveau.

Essayer de rester posé comme ce mastodonte et sa colombe imposante...

Efer savais que Poutou était en pleine remise en question, que les idées se bousculaient dans sa tête. Il lui faudrait du temps pour qu'il fasse le menage et digère ce que signifie un engagement dans l'ordre.

Peut-être qu'il n'y arriverai pas et qu'il repartirait par monts et par vaux en quête d'un hypotétique Eldorado. Les Archanges seraient là pour le soutenir, mais ils ne pourraient prendre une décision à sa place. Efer croisa les doigts pour qu'il fasse le bon choix : il le savait, Poutou avait un avenir parmis eux!

» Pro, papro, ralages, etat d'ame et confettis