Un Démon dans le sanctuaire Archangel...

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Trente Fraouctor de l'An 635...

L'astre du jour était haut dans le ciel ce jour-là, ses rayons chauffaient les pierres blanches du sanctuaire Archangel.
Quelques Corbacs rôdaient autour de la bâtisse, les Anges vaquaient à leurs occupations quotidiennes et une douce brise soufflait, faisant onduler les hautes herbes.
Une après-midi calme en perspective...

Mais regardez les hautes herbes de plus près... là, à quelques pas du mur Est...

Une ombre s'y mouvait en rampant. Lentement mais certainement, la silhouette s'approchait du sanctuaire.
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La couleur rouge sang de sa tunique n'était pas faite pour la discrétion et DemonSphinx le savait. Mais le rouge était son emblème, sa couleur, et elle l'arborait toujours fièrement.
De plus, elle savait user de la Discrétion de Brumaire. Malgré leurs regards réputés perçants... les Anges ne l'avaient toujours pas aperçue.
La Brâkmarienne leva la tête... ne voyant personne, elle se leva à demi et parcourut d'un pas rapide la distance qui la séparait encore du mur Est du sanctuaire. Elle s'y plaqua en reprenant son souffle.
Qu'il faisait chaud...
Elle se leva lentement et, toujours plaquée contre le mur, se mit à avancer vers le mur Sud. La porte s'y trouvait certainement. Au moment de tourner le coin, elle posa sa main sur un des sept couteaux à lancer qu'elle portait toujours à la ceinture.
...Personne au mur Sud.
Elle se détendit.
Elle ricana.

"Il est temps d'user de l'Invisibilité totale de Brumaire."

D'un geste vif, elle ramena sa cape autour d'elle et disparut totalement aux regards.
Mais si un Crâ à l'oeil vif tournait les yeux vers le mur Sud, il pourrait peut-être voir les herbes s'aplatir sous des pas d'Espion, des pas qui s'approchaient de la porte du sanctuaire Archangel.

"On entre ici comme dans un moulin."

Elle ricana.

"Passer la porte fut facile. C'est presque décevant."

Toujours couverte de l'Invisibilité de Brumaire, la Brâkmarienne rôdait dans les couloirs quand une porte attira son attention. Elle pénétra dans la pièce et un sourire sournois passa sur son visage.

"Documents, paperasses, chroniques... j'ai de la lecture."

Elle ricana.

Elle commença à farfouiller dans les dossiers en essayant de faire le moins de bruit possible, quand soudain elle entendit des voix en provenance du couloir.
Elle devina que quelqu'un allait entrer dans la pièce, et se leva d'un bond avant d'aller se plaquer contre un mur. Elle n'avait rien dérangé, nul ne pouvait deviner qu'une Brâkmarienne était entrée ici...

Elle s'aperçut trop tard du dossier de couleur rouge qu'elle avait laissé ouvert... déjà l'Ange entrait dans la pièce.

"Qui est-ce..."

Efer s'amusait comme un fou. Etre fantôme a ses avantages. Par exemple, cela faisait un petit moment qu'il trainait son ectoplasme au dessus de la tête de cet intrus.

Apparemment, ce démon semblait fier de lui. Il avait traversé le parvis du Sanctuaire sous une cape magique et avait pénétré dans le hall principal du bâtiment.

Il s'était mis à fouiller un peu partout dans cette grande salle que la guilde réservait aux visiteurs.

Efer regrettait seulement deux chôses que sont état ne lui permettait pas de faire : accueillir le visiteur comme il le faisait avec tous les visiteurs, quelques soit leur alignement, mais surtout pour savoir si le démon avait fait tous ce trajet depuis Brakmar pour lire le livre rouge.

Etrange que ce démon s'interresse autant aux livres de cuisines du défunt primogardien!

DemonSphinx observa l'Ange qui venait d'entrer, plaquée contre un mur.

Le Bontarien avait fait quelques pas dans la pièce quand soudain il sembla s'apercevoir du livre rouge resté ouvert. Il le referma d'un geste et regarda autour de lui.

La Brâkmarienne glissa lentement sa main à sa ceinture et saisit le manche d'un de ses couteaux à lancer. Pendant ce temps, l'Ange parcourait la pièce, les yeux plissés, se doutant que quelqu'un avait pénétré ici... il s'approchait de plus en plus du coin où était tapie la Démone.

En sortant le couteau de sa ceinture, DemonSphinx se remémora les paroles de son maître d'armes.

"Ne tue pas si tu peux l'éviter. Ne frappe pas dans le dos de l'ennemi, si tu ne veux pas être taxée de lâcheté..."

En proie à un dilemne intérieur, la Brâkmarienne retint son souffle en voyant l'Ange passer à un pas d'elle à peine.

Mais l'Ange s'éloigna et finit par sortir de la salle.

DemonSphinx rengaina brutalement son couteau et se précipita vers le livre qui avait retenu son attention.

"Côtes de Rib, noix de cajou pour le goût... mais c'est un livre de cuisine !"

Elle le referma rageusement et décida de monter à l'étage supérieur.

Mais d'où venait cette sensation d'être observée ?

Le bruit des pas de la Brâkmarienne résonnait un peu dans les couloirs déserts, bien qu'elle fasse tout son possible pour être silencieuse comme la nuit.

Certaines des portes à côté desquelles elle passait étaient fermées à clef, d'autres ne fermaient que des pièces sans intérêt, comme des dortoirs.
Elle s'arrêta un instant pour réfléchir. La sensation d'être observée devenait de plus en plus forte, pourtant elle était invisible...

Il fallait en finir, trouver ce qu'elle cherchait. Peut-être qu'en trouvant un Bontarien, elle pourrait le forcer à lui révéler ce qu'elle voulait savoir...
Mais DemonSphinx aimait autant ne pas être obligée d'en arriver là.

"Par Djaul, n'y a-t-il donc personne ici ?!"

"Eh si , il y a moi , je me disai bien qu'il y avai un intru dans notre sanctuaire mais je n'etais pas sur , il m'a fallut quelques minutes pour te pister et te trouver , depuis une ou deux minutes je te suis , aussi bien caché que toi , ou mieu ^^"

Grochaud apparut deriere DemonSphinx en decouvrant sa tete et ses bras de sa cape d'invisibilité qu'il cherissait tant

"Que viens tu faire dans ce sanctuaire ? je pense que tu n'as pas ete invité , et je pense que tu n'est pas un de nos seraphin , donc tu n'as pas raison d'etre ici , explique moi ta presence ici prestement avant que je te fasse sortir d'ici prestemment"

La Brâkmarienne sentit son coeur manquer un battement quand la voix de Grochaud s'éleva soudain derrière elle, brisant le silence sépulcral.

Le Parchemin d'Invisibilité grâce auquel elle exploitait son don d'Espion était toujours actif mais ce Bontarien semblait très bien la percevoir malgré tout. Peut-être était-il disciple de Silvosse ? Peu importait en cet instant comment il le faisait, mais Grochaud parvenait à la voir.

-T'expliquer ? Me faire sortir ? *ricane* Non, je ne crois pas. Je ne sortirai pas d'ici avant d'avoir trouvé les informations que je cherche !

D'un geste si rapide qu'il en sembla presque flou, DemonSphinx sortit un de ses couteaux à lancer de sa ceinture. Elle le lanca sur Grochaud et le couteau accrocha la manche du Bontarien avant de se ficher dans le panneau en bois d'une porte.

Elle bénéficiait ainsi de quelques secondes d'avance, et pendant que Grochaud arrachait le couteau pour se lancer à sa poursuite, la Démone tomba sur une porte qui n'était pas fermée à clef. Elle se rua à l'intérieur et ferma le verrou.

"Quelle est cette pièce..."

Grochaud arracha le couteau de lancer d'un geste rapide

"Mais que cherche-t-elle .... je dois prevenir les autre ! Efer , garde un oeil sur elle je vais prevenir les autres , surtout nel , je ne vois pas ce que cette demone est partie faire dans son laboratoire , cela m'intrigue , ne sois pas imprudent elle ne dois pas savoir que tu rode , j'y vais je fais au plus vite"

Grochaud parti aussi rapidement qu'il avait enlevé le couteau , il partais dans l'eden , grochaud savais que nel y trainai vers cette heure ci

"Nel , j'ai surpris un demon dans nos mur , il s'est enfermé dans ton laboratoire , que dois-je faire ? prevenir les autres ? j'ai mi efer sur le coup de la suivre , mais il ne peut pas interagir , seulement regarder , voila , on fais quoi"

...

Balayant la pièce du regard, DemonSphinx comprit qu'il s'agissait d'un laboratoire. À première vue il n'y avait personne, mais ce n'était pas la première fois que la Brâkmarienne s'infiltrait quelque part et elle avait appris la prudence.

Aussi elle sortit son bâton de combat -une arme peu impressionnante au départ, mais avec lequel la Démone parvenait à asséner des coups précis qui laissaient agonisants bon nombre d'ennemis- et avança dans le laboratoire, aux aguets.

La sensation d'être observée persistait.

Des fioles, un grand miroir, une table recouverte d'un drap, des documents... Pas d'autre porte par où s'échapper. Et hors de question de sauter par la fenêtre à cette hauteur.

DemonSphinx se maudit pour avoir été découverte, en essayant de garder son sang-froid. Elle se dirigea vers la table couverte d'un drap, et examina les documents posés dessus.

"Des comptes rendus de combats... organisation de la défense Bontalienne du 2 fraouctor... résumé de la réunion des chefs de guilde Bontaliens... Waouh !" murmura-t-elle.

Elle ricana ouvertement, des documents d'une telle importance laissés sur la table d'une pièce non verrouillée ! Elle glissa le dossier dans la poche intérieure de sa tunique. Si elle parvenait à s'en sortir, elle aurait de la lecture des plus intéressantes... Même si elle doutait que l'information qu'elle recherchait s'y trouve.

Elle s'apprêtait à tenter de sortir, prudemment, par où elle était entrée, quand soudain elle entendit un bruit.

Un son léger, une respiration...

Plus de doute, il y avait quelqu'un d'autre ici !

Son bâton à la main, prête à saisir un de ses couteaux en cas de besoin, elle arpenta la pièce, ouvrit les placards, donnant des coups de bâton dans les rideaux.

"Tout près... il y a quelqu'un caché ici tout près..."

Cette fois ci c'était sûr, Grochaud n'était pas dans la pièce !

Qui était donc cette personne avec cette voie aussi ténébreuse, qui glacait le sang du pauvre Poutou ?
Qui était venu s'enfermer dans le laboratoire de Nel après avoir sûrement tué Grochaud, puisque celui-ci ne donnait pas signe de vie...

C'est bien ma veine... pensa Poutou..
Si je me sors de ce guêpier, je jure devant Crâ, que jamais oh grand jamais je ne mettrais plus les pieds dans ce maudit laboratoire ! Une potion auto-bronzante, on a pas idée...

... Un bruissement de feuilles..

Quelqu'un étudiait les documents situés sur la table juste au dessus !
Poutou se retenait de respirer... Il avait l'impression que les battements de son coeur s'entendaient à des kilomètres à la ronde....

Mais que faisaient donc tous ces emplumés ?
Ils sont beaux les sauveurs du monde, tiens ! On rentre chez eux comme dans un moulin, et il faut que ça tombe sur moi ! Bravo ! Poutou avait beau rager contre sa nouvelle fratrie, il n'en menais pas large.

S'il y avait quelqu'un autour de la table qui le découvrait, Poutou n'aurait pas le choix ! Il devrait sortir, se ruer sur la porte, ouvrir le verrou, ouvrir la porte et s'enfuir comme un beau diable. Beaucoup trop long.
Il fallait qu'il retarde l'intrus.
Un sourire sarcastique effleura les lèvres du crâ lorsqu'il passa la main à sa ceinture... Quel beau métier il avait choisi là... Boulanger... Très utile un rouleau à patisserie lorsque l'on est à deux doigts de se faire pièger dans un endroit où l'on a pas à se trouver. Poutou entendait encore les paroles sans cesse répétées par Chibi...

"Et ton arc, Poutou, tu sais encore où il se trouve ? Sais tu au moins t'en servir encore ? Tu es plus souvent en vadrouille à droite et à gauche qu'au combat avec nos frères qui se font tuer pour protéger le bien et l'ordre. Heureusement que tous les Amakniens ne sont pas comme toi ! A l'avenir arranges toi au moins pour avoir de quoi te battre sur toi, on ne sait jamais, si un jour tu te fait agresser, peut-être qu'avec l'aide de Crâ ton assaillant trébuchera et viendra s'empaler sur une des flèches de ton carquois !"
"Gninggniinnnggnniinnn... Môsieu je sais tout...." avait répondu Poutou...Il se mordait les doigts maintenant de ne pas avoir écouté les conseils du sage Chibi.
Toujours est-il qu'il n'avait que ce rouleau à patisserie comme seule arme. Avec ça il devait porter un coup suffisamment puissant, afin de lui permettre, l'effet de surprise aidant, de gagner la porte et de sortir de ce satané laboratoire !
Les jambes... Au niveau du sol où il se situait, Poutou ne pouvait que taper le plus fort possible dans les jambes de l'étranger et prier Crâ pour réussir à gagner la porte et s'enfuir.
Le plus lentement possible le crâ entrepris de s'allonger et de voir de quel côté de la table se situait les pieds du visiteur....
... Il avait beau regarder de toute son attention, il n'y avait absolument aucun pied, et encore moins aucune jambe autour de la table !
Et pourtant on s'affairait au-dessus !

"Tout près... il y a quelqu'un caché ici tout près..."

Et ces bruits de portes qu'on ouvre... L'inconnu fouillait les placards !... Ces frôlements de tissus... Le bruit d'un bâton sur les tentures... Le drap du côté opposé qui remue...

Le crâ s'agenouilla la peur au ventre prêt à bondir, serrant son rouleau à patisserie si fort qu'il s'en rentrait des échardes dans les mains...

Face à Grochaud, Nel garda tout son sang froid. Elle ne pensa tout d'abord ni à l'intrus ou à la raison de sa présence, mais au Laboratoire.

La première salle, la seule accessible, ne contenait rien. Aucun papier important, aucune potion dangereuse. Au pire, quelques essais ratés qui feraient tomber toute la pilosité du malandrain, ou bien de quoi faire disparaître les cicatrices bénignes. Bref, rien de dangereux.

Mais il ne devait pas trouver la seconde salle. Dans celle-ci se trouvait le corps d'Efer, en état de stase, ainsi que de nombreuses potions et récits ésotériques toutes plus dangereuses les unes que les autres. Le livre disait vrai... il parle à l'âme des démons : ceux-ci vont arriver, de plus en plus nombreux. Il faudra prévoir ceci.

Nel frotta le pendentif, autour de son cou. Autour de cette amulettes, des dorures innocentes étaient en fait autant de clés qui ouvraient les alcôves cachées du Sanctuaire. Le laboratoire secret dont la serrure était heureusement bien cachée, la salle du Conseil des Justes accessible depuis la Nef, les différentes salles de réunion ou on accueillait les Archanges ou leurs alliés, les cryptes cachées où les Séraphins pouvaient se reposer en paix... Autant de salles que l'intrus ne trouverait jamais.

Mais le laboratoire... il fallait éviter qu'il ne fouille trop. Même s'il était peu probable qu'il trouve quoi que ce soit d'intéressant, la potion de dépilation était en cours de distilation et il ne fallait pas qu'elle soit remuée.

Bon, il faut agir. Allons voir ce curieux personnage.
Préviens les autres, même si je vais tenter d'éviter ça il est possible qu'il y ait du grabuge. Rendez-vous devant le Laboratoire, et pensez à bloquer les issues ouest et nord... Il ne pourra pas utiliser de potion de rappel, c'est impossible dans les habitations, c'est toujours ça. Nous devons savoir pourquoi il est là.

Un intrus... inconnu de tous... le Rituel de Résurrection... une âme pour une âme... il faudrait faire sortir les autres, et sans doute leur cacher la vérité. Espérons que le laboratoire soit vide...
Mais finalement, ce démon pourrait s'avérer utile.

DemonSphinx avait fouillé partout sans trouver personne... quand son regard tomba sur la table couverte d'un drap.

Elle en eut la brusque certitude, l'autre se cachait là-dessous. La Brâkmarienne s'approcha doucement de la table.

"Que Brumaire me protège, que Djaul guide mon bras..." pensa-t-elle.

Brusquement elle saisit un pan du drap et l'ôta de la table avant de le jeter à terre. Elle ne s'était pas trompée, un Ange était terré là !

Elle s'était attendue à un valeureux combattant brandissant son épée, prêt à bondir pour la mettre en pièces au terme d'une lutte féroce, et elle eut un mouvement de surprise en voyant un pauvre Crâ visiblement terrorisé, brandissant un rouleau à pâtisserie ! Le Bontarien, les yeux écarquillés, la regardait sans la voir.

DemonSphinx glissa sur le côté de la table, saisit l'Ange par le bras et le tira violemment de sous la table. Le Crâ tomba sur le dos et la Démone se jeta sur lui. Elle mit son genou sur sa poitrine pour l'empêcher de bouger et sortit un de ses couteaux, qu'elle appuya contre la gorge de sa victime.

-Un cri, une respiration, un mouvement et je te coupe la gorge, Bontarien !

J'aimerais bien voir ça.

Nel se tenait dans l'encadrement de la porte, et souriait, l'air ironique.

Poutou... peux-tu me dire ce que tu fais ici ? En train de... hum... batailler avec un démon ? Il me semble que tu n'as pas encore choisi de porter des ailes, et tu sais que les Aspirants n'ont pas à venir dans le Laboratoire. Allez, file donc, je ne pense pas que tu désires faire durer cet entretien. Nous aurons une discussion plus tard, et elle ne sera pas à ton avantage, je te préviens.

Le regard affolé de Poutou montrait qu'il n'avait pas compris que Nel tentait simplement de le faire mettre en sécurité. Mais malgré cette tactique, le Démon ne relâcha pas son étreinte.

Bon. Tu es dans notre Sanctuaire. Il y a une bonne douzaine de Guerriers dont beaucoup bien plus forts que toi et moi qui arrivent, sans parler de la Milice de la ville qui va te poser bien des questions sur ta présence ici. Tu peux soit rester ici et finir dans leurs geôles, soit laisser filer Poutou et rester un instant à discuter avec moi, seul à seule, pour me dire ce que tu cherches.

Alors, que choisis-tu ?

Des bruits de pas précipités se faisaient entendre dans les couloirs. Par dessus ce bruit, une petite voix s'éleva, pointue comme la lame du couteau posée sur la gorge dont elle sortait.

"Oui, tu choisis quoi ? Parce qu'en plus, je te préviens, si tu me laisses pas partir, je vais t'écraser la tête. Alors hein, tu ferais mieux d'écouter la dame et de filer droit. Hein. Enfin moi, je dis ça dans ton intéret... Hein..."

Le démon le regarda interloqué, puis fixa Nel.

"Par le sang de Djaul, que faire ?" pensa DemonSphinx, dont l'esprit fonctionnait à plein régime. Il fallait prendre une décision, et vite.

Elle se rappela que la Sadida qui venait d'entrer, et qui avait la clé du laboratoire, ne pouvait la voir. La Démone ne put se résoudre à se rendre. Elle tourna son regard vers le Crâ qu'elle tenait toujours en respect.

Brutalement, elle se releva, en agrippant le Crâ par le col pour le forcer à se lever. Elle le tint devant elle, le couteau toujours fermement appuyé contre sa gorge pour l'empêcher de faire le moindre mouvement.

-Il y a une troisième voie, dit DemonSphinx en s'adressant à la Sadida. Si vous ne voulez pas que le sang de votre ami le Crâ éclabousse la moquette, vous vous adressez aux gardes dont j'entends les pas dans le couloir. Dites-leur que c'est une fausse alerte et renvoyez-les immédiatement. Et restez dans mon champ de vision ! Vous avez trois secondes pour faire ce que j'ai dit... un... deux...

Grochaud etais parti prevenir les autres archanges qui se divertissaient dans le sanctuaire , le sanctuaire etait maintenant en alerte et personne ne pouvait plus sortir , Grochaud se rendait a pas vifs et silencieux au laboratoire avec ses compagnons , il leur fit signe de ne faire aucun bruit et se mit sous sa cape et dit aux autres archanges de se separer et d'entourer le laboratoire et les salles environantes , grochaud s'approcha invisible et murmura a l'oreille de l'oracle

"Je suis juste deriere toi invisible , si tu as besoin de moi fais moi signe et j'agirais , les autres sont partis pour fermer les autres portes et les garder"

Etrangement, ce n'est pas de la peur que l'on lisait dans le regard de Poutou, mais plus le désarroi d'être dans une situation qu'il ne maitrisait absolument pas et dont il n'entrevoyait aucune issue.

Neelllll...

Je regrette...

Je le referais plus...

Mais je n'ai rien fait de mal, Nel, tu sais...

Nel...
J'veux pas mourir...

L'Oracle devina que le crâ retenait difficilement une larme.

Ne t'inquiète pas Poutou, tu ne mourras pas. Je doute qu'une simple dague parvienne à t'ôter la vie dans un lieu qui contient plus de potions de soin que la meilleure boutique d'Amakna...

Nel se tourna vers le Démon qui, l'air un peu effrayé, semblait résolu à en venir aux armes. Elle ne fit pas un mouvement vers la direction dont venait la voix de Grochaud, craignant que celui-ci ne se fasse ainsi repérer.

Loin de moi le désir de te contredire, mais... ce que tu réclames, n'est-ce pas ce que je te proposais ?

Elle s'avança vers une chaise et s'assit doucement.

Bon. Si tu faisais sortir Poutou, que nous discutions entre adultes ? Si tu penses avoir le moindre pouvoir en le détenant, je me permets de te faire remarquer que cette jeune personne n'a pas d'ailes, et que tous les Anges alentours vont vite ressentir un Innocent Attaqué. Enfin bon, si tu tiens à te contenter de lui... c'est toi qui vois. Je ne sais pas ce que tu souhaites, mais sur l'échelle de l'accès aux informations, si je représente l'échelon dix et toi le zéro, Poutou flirte allégrement avec le négatif. Et oui, que veux-tu, la curiosité, l'enthousiasme... bref, si tu veux quoi que ce soit, ne compte pas sur lui. Et comme monnaie d'échange, il cuisine plutôt mal. Nous nous passerions volontiers de lui. Par contre, je te propose une chose. Qu'il sorte comme je te l'ai demandé, et les gardes resteront dehors, comme tu le souhaitais. Et tu auras une Oracle comme otage. Voila qui aurait plus de panache, non ?

Bon, dépèche-toi, que nous puissions discuter. Comme ça tu auras au plus vite ce que tu désires, et nous pourrons rentrer chez nous à temps pour le repas du soir...

Elle posa ses avant-bras sur l'établi devant elle et attendit.

DemonSphinx ne savait plus que penser. Cette Sadida, qui se nommait apparemment Nel, avait réussi à dévaloriser son otage. Cependant...

-C'est ça... je le laisse partir tranquillement, vous me donnez gentiment toutes les informations dont j'ai besoin, et je sors calmement du sanctuaire en adressant un petit signe de la main aux gardes qui me laissent partir en souriant ?
Non, non, je ne vous fais pas confiance...
Vous semblez douter de ma capacité à le tuer... ce couteau n'est pas un couteau ordinaire... il contient le pouvoir de Djaul... la moindre égratignure faite avec cette lame sur la gorge de ce Crâ pourrait bien le mettre à l'agonie.

C'était un mensonge: ce couteau était un couteau tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Mais ça, nul ne le savait... les couteaux de Djaul existaient bel et bien... La Brâkmarienne reprenait de l'assurance.

-Mais vous ne semblez pas vraiment tenir à ce jeune Crâ... ricana DemonSphinx, continuant sur sa lancée de bluff. Le temps que les Anges rappliquent, il sera déjà mort... et s'ils me tuent ensuite... vous perdrez une source d'informations en or... je suis un haut gradé de Brâkmar... songez à toutes les informations que je détiens... acheva la Démone en murmurant presque.

Elle recula contre le mur et appuya plus fort le couteau contre la gorge de son otage, qui avait du mal à respirer à présent.

-Choisissez ! Ou vous fermez la porte et vous répondez à mes questions, ou vous appelez vos Gardez et je le tue immédiatement.

À présent qu'elle avait fini de parler, DemonSphinx sentit sa détermination vaciller à nouveau, et se demanda si elle n'avait pas commis une erreur...

Pour sûr, le repas du soir n'était pas près d'arriver.

Nel soupira.

Tu ne m'écoutes pas. Je t'ai dit par deux fois déjà que j'étais d'accord - avant même que tu ne le demandes... De plus les gardes qui arrivent ont reçu la consigne de se rassembler, pas d'attaquer.

Elle se leva et alla fermer la porte.

Si nous devons discuter, j'aimerais que tu saisisses bien mes paroles, car tu sembles être un peu trop paniqué pour comprendre tout ce que je dis depuis tout à l'heure (ce qui est aisément compréhensible, je dois l'admettre).
Tout d'abord, sache que je ne puis mentir. Cela doit être difficilement compréhensible pour une personne telle que toi, mais je suis incapable de prononcer la moindre chose si je la sais fausse. Cela aurait pour conséquence l'annulation de mes maigres dons.

Bon. À présent à moi de réclamer. Tu as eu ce que tu voulais, tu as à présent dix secondes pour laisser Poutou rejoindre les siens hors de ce laboratoire.
Poutou, tu leur diras que tout va bien, et que la situation ici va au mieux. Qu'ils fouillent le reste du Sanctuaire au cas où d'autres Pourpres accompagneraient notre ami.

Alors... as-tu décidé ?

Son regard se fit d'un coup plus dur, et sa voix plus précise.

Allons-nous pouvoir discuter, ou préfères-tu à présent que je vienne moi-même te faire regretter d'avoir osé menacer quelqu'un dans le Sanctuaire ?

"Ainsi donc, elle ne peut mentir ?" songea DemonSphinx. "Intéressant..."

Le silence se fit un instant dans la pièce, troublé seulement par la respiration à présent sifflante de Poutou. La Brâkmarienne regarda Nel dans les yeux, l'air suspicieux.

Brusquement, elle prit sa décision. Elle lâcha son otage qui chancela, et le poussa en avant avant de ranger son couteau, qu'elle serait malgré tout prête à saisir rapidement s'il le fallait.

-Pas la peine de vous fatiguer. Je suis le seul Démon présent dans ce Sanctuaire, à ce que je sais du moins... ricana DemonSphinx.

Elle se dirigea vers un siège près de la fenêtre et s'y laissa tomber, l'air narquois.

-Eh bien je vais me présenter... dit-elle en souriant d'un air ironique. Je suis une Démone de la Cité de Brâkmar, appelez-moi DemonSphinx. Je suis disciple de Brumaire, vous l'aurez compris... l'équivalent de Silvosse, ici, non ? Et sans cet Eniripsa qui parvient apparemment à me voir... et que je ne puis voir...

Elle s'interrompit brusquement. Elle parcourut la pièce du regard...

-...Eh bien sans lui, vous ne m'auriez toujours pas trouvée à l'heure qu'il est, acheva-t-elle. Si vous voulez un conseil, faites mieux garder vos portes...

Elle se tut et attendit que Nel parle. Dans sa poche intérieure, elle pouvait sentir les documents qu'elle avait volés.

"Je dois trouver le moyen de sortir ici avec ce précieux dossier..." pensa-t-elle...

Knight Wolf s'entrainait comme d'habitude avec Vili, devant sa maison, à quelques lieues de distance du Sanctuaire, quand un Garde vint le chercher.

"Maitre Wolf, on nous signale qu'un intrus a pénétré dans le Sanctuaire, et qu'il faut nous mobiliser au cas où..."

Le Garde s'arrêta devant de parler en voyant les yeux du Iop, alors qu'il avançait dans sa direction. Comme d'habitude, ce regard aiguisé de loup le captivait, mais en ces circonstances, il avait l'impression d'être mis à nu par ce regard, et cela le terrifiait. Le temps qu'il se reprenne, le Iop l'avait déjà dépassé, suivi de près par Vili. Le Garde les suivit, mais à distance.

Arrivés devant la porte du Sanctuaire, les deux amis s'arrêterent devant l'attroupement des Gardes. Le Iop fixait la bâtisse. Celui qui semblait être le Chef de la petite troupe s'adressa à lui.

"Maitre Wolf, l'Intrus serait invisible dans la salle du Laboratoire, avec l'Oracle. Il nous est demandé de ne pas agir, et d'attendre."

Le Iop déboucla ses cimeterres, et les deux étranges bracelets qu'il portait en permanence, et les tendit à Vili, puis se dirigea vers le côté de la bâtisse, un Garde tenta de l'arrêter, mais le bâton de Vili se dressa devant lui.

"Laisse le faire à sa guise, ceci regarde les Archangels, pas la Milice"

Arrivé dessous la fenêtre du Laboratoire, le Iop s'arrêta, et la fixa. Au bout d'un petit moment, il laissa tomber sa cape, et son dantgoule. Il grommella pour lui même.

Petit à petit, le Iop se transforma, gagnant en poils et un peu en hauteur. En moins d'une minute, un énorme loup aux poils blancs et argentés se dressait dessous la fenêtre, la fixant d'un oeil attentif. Il lança un hurlement qui fit trembler un peu la fenêtre, et qui pour lui signifiait :

"Tu ne m'échapperas pas si tu fuis, je peux te sentir."

Bon. Si tu faisais sortir Poutou, que nous discutions entre adultes ?

je me permets de te faire remarquer que cette jeune personne n'a pas d'ailes

Enfin bon, si tu tiens à te contenter de lui...

si je représente l'échelon dix et toi le zéro, Poutou flirte allégrement avec le négatif.

Et comme monnaie d'échange, il cuisine plutôt mal.

Nous nous passerions volontiers de lui.

En l'espace d'un instant Poutou regrettait déjà d'avoir fait preuve de faiblesse devant l'Oracle.

Bien évidemment que pour elle sa misérable vie de Crâ ne comptait pas.

ELLE, Madâme Nel, la reine du Sanctuaire...

Combien de fois d'était-elle retrouvée menacée une dague sous la gorge ? Madâme Nel l'intouchable...
Ce n'est pas à elle que celà était prêt d'arriver, forcément. Dès qu'elle éternuait, 10 emplumés accouraient avec un mouchoir qui sent bon la lavande pour l'un, qui sens le camphre pour l'autre, à qui mieux mieux.

L'intensité de la situation qu'il était en train de vivre empêchait le crâ de toute pensée lucide.

Ce n'était plus des larmes de peur que l'on lisait dans ses yeux mais de la tristesse.
Combien de fois avait-il connu tant d'humiliations ? Celà le ramenait quelques temps en arrière, à l'époque de l'exil, de l'errance, du vagabondage, des couchages de forêts en bottes de pailles, dans des étables insalubres, le mépris des autres, les insultes, le rabaissement.

Et là, ce sentiment de bien-être, de servir à quelqu'un, tout ces Archanges qui l'appelait par son prénom et le saluaient tous les matins, même les filles lui accordaient un sourire, lui, qui de filles ne connaissaient que celle de joie, qu'il n'avait même jamais pu approcher tant il était misérable.

Alors qu'il en était là de ses réflexions, prêt à s'entailler lui-même la gorge sous la redoutable arme de la démone, celle-ci le poussa brusquement en avant, le libérant ainsi de son oppresssante étreinte...

Toutes les pensées négatives qu'il avait pu avoir jusqu'alors s'envolèrent aussitôt.
Un coup d'oeil vers l'Oracle lui fit comprendre que malgré le peu d'importance qu'il avait a ses yeux, il se devait d'être redevable à cette âme charitable.
Tandis que lui tremblait de tous son corps, l'Oracle elle, continuait à être cynique avec la démone... Elle se permit même de s'asseoir sur une chaise et d'attendre, alors que lui s'était réfugié sous la table.
Poutou avait beau dire, Nel était impressionnante de stoïcisme et de lucidité.
Il n'aurait pas voulu être à la place de la démone.
Car sous son air calme on devenait en l'Oracle une force mentale énorme.

Le temps des explications entre adultes comme le disait si bien l'Oracle allait avoir lieu. Il était grand temps pour lui de décamper.

Sans demander son reste, Poutou ouvris le verrou du laboratoire, entrebailla la porte, se faufila vers l'extérieur, referma la porte derrière lui et allais s'enfuir ventre à terre, lorsqu'au moment de se retourner il se retrouva nez-à-nez avec le fer d'une flèche aussi grande que lui !

LAISSEZ LE ! C'EST POUTOU ! hurla une voie familière.

... En effet.... Tout le gratin de la guilde se tenait là.... Echtelion en première ligne, arc bandé, suivi de la horde des Archangels, épées dégainées, prêtes à tout pourfendre sur leurs passages...

Heeuuu.... Nel est à l'intérieur... Elle a dit m'a vous dire que tout allait bien, et qu'elle maitrisais la situation.
Elle a aussi dit autre chose, mais je ne m'en souviens plus.

Poutou, arrêtes ton cinéma, l'heure n'est pas à la plaisanterie ! Si Nel a donné d'autres consignes, dis les nous sur le champ ! vociféra Echtelion.

Poutou, débordé par l'ampleur de la situation, fit un effort surhumain pour se souvenir des dernières paroles de l'Oracle...

Ah y est, je sais ! Elle a dit qu'il fallait fouiller le reste du Sanctuaire au cas où d'autres poulpes s'étaient également infiltrés.

L'espace d'une seconde Poutou cru déceler un sourire au coin des lèvres d'Echtelion. Puis celui-ci, froncant à nouveau les sourcils lui lanca :

Bien Poutou, retournes dans tes appartements maintenant, et restes-y jusqu'à ce que l'un de nous vienne t-y chercher. Les moments à venir vont s'avérer intenses.

Sans demander son reste, Poutou passa à la gauche du grand crâ qui lui murmura bassement : "Ce n'est pas pouLpes, Poutou, mais PouRpres, je pense que Nel a dit... Allez, files, avant que ma flèche ne rejoigne ton arrière-train !"

En quelques secondes, Poutou se retrouva derrière la troupe d'anges, tous attendant l'ordre de passer à l'offensive.

Tout allait bien.
Chose la plus importante, Poutou était en sécurité. Jamais Nel ne se serait pardonnée qu'il lui soit fait le moindre mal. Il lui en voudrait certainement pendant pas mal de temps pour les dures paroles prononcées, mais c'était hélas le seul moyen de le faire sortir. Si elle avait été naturelle la Pourpre ne l'aurait pas laissé sortir, ou pire, il aurait été grisé par l'émotion et se serait mis en tête de défier cette Démone dans un combat à mort. Pas simple à gérer le Poutou...

Poutou, c'est réglé. Les documents maintenant... ils n'étaient pas capitaux, mais comportaient quelques informations sensibles. La composition exhaustive de la Guilde (sans les Séraphins heureusement !), les dates des futurs rendez-vous du Conseil des Justes et... quelques recettes de cuisine. Celui qui avait égaré ce dossier allait se fair remonter les oreilles. En attendant, il y avait une situation à gérer. Ces dossiers pouvaient mener à certains noms, et il serait désagréable d'être à l'origine d'une fuite, même si elle n'est pas immense.

Poutou sorti. Efer qui rôde. Grochaud encore dans la pièce, quelque part. Pourvu qu'il ne fasse aucun geste inconsidéré... qu'il ne lui arrive rien, surtout. Se retrouver seule à seule avec la Démone serait difficile... dommage, le rituel de Résurrection devra donc attendre une meilleure occasion.
Au hurlement canin qu'elle avait entendu, les fenêtres étaient gardées. Nel n'avait assisté qu'une seule fois à la transformation de KnightWolf, c'était il y a longtemps, il était mercenaire à l'époque.

Bon. Je ne pense pas que tu sois venu ici pour nous parler de nos lacunes sécuritaires. Qu'es-tu venu faire ici ? Ce laboratoire est grand. Tu as des soucis de calvitie ? Besoin d'un petit remontant ? Ou bien tu visitais juste ?
La situation me semble bloquée. Alors dis-moi : que veux-tu ? ...

En entendant le hurlement poussé par le loup, DemonSphinx avait légèrement sursauté.
Mais elle s'était rapidement souvenue de l'enseignement de sa classe, ainsi que de celui de son père, qui lui avait appris tant de choses au sujet des créatures et des herbes.
Aussi elle perçut aisément la colère du loup et la menace qu'il avait exprimée dans son hurlement. Elle pouvait même mettre des mots dessus...

"Tu ne m'échapperas pas si tu fuis, je peux te sentir."

DemonSphinx avait aussi senti qu'il ne s'agissait pas d'un vrai loup. Un Ange ici avait donc la capacité de se métamorphoser ?

"J'ai affaire à plus forte partie que je ne l'aurais cru..." songea la Démone.

Nel se mit à parler et elle interrompit ses réflexions.

-Qu'es-tu venu faire ici ? interrogea l'Oracle.
La Brâkmarienne sourit.

-Ce laboratoire est grand. Tu as des soucis de calvitie ?
-Non.

-Besoin d'un petit remontant ?
-Non.

-Ou bien tu visitais juste ?
-Non.

-La situation me semble bloquée. Alors dis-moi : que veux-tu ? ...
-En venant ici, dit lentement la Démone, j'ai pensé pouvoir...

Elle s'interrompit. Si elle dévoilait brusquement son but, il était probable qu'elle n'apprenne rien. Il fallait jouer en finesse. Elle pouvait apprendre beaucoup de choses au sein de cette Guilde importante, en manoeuvrant bien... elle devait donc parler avec prudence.
Peut-être même était-il préférable que les Archangels ne sachent pas ce qu'elle cherchait exactement.
À moins que...

Elle décida d'éviter la question -pour le moment du moins, le temps de réfléchir encore un peu.
DemonSphinx se rappela que Nel lui avait dit qu'elle ne pouvait mentir...
C'était une occasion de chasser une bonne fois pour toutes cette sensation d'être observée.

-Avant que je ne vous réponde... permettez-moi de vous demander...

Elle se dressa doucement dans le fauteuil.

-...Si nous sommes seules dans cette pièce ? acheva-t-elle en un murmure.

Sommes-nous seules dans cette pièce?
- Ah la fourbe! pensa le fantôme.
Sommes-nous seules dans cette pièce ?
- Forcément, il fallait si attendre! Efer tournait en rond dans le laboratoire avec une frénésie affolante!
Sommes-nous seules dans cette pièce ?
- S'il en avait encore été capable, il aurait envoyé quelques fioles valdinguer à travers la pièce.
Sommes-nous seules dans cette pièce ?
- Comment faire, comment faire pour la sortir de ce mauvais pas. Si elle dévoile la présence de Grochaud... Non! il doit y avoir une solution.
Sommes-nous seules dans cette pièce ?
- Non, elle va répondre non! Elle ne peut faire autrement.
Sommes-nous seules ...
- Mais oui, que je suis bête! C'est tellement évident!
Le Fantôme fonça vers l'Oracle pour lui chuchotter quelque chose à l'oreille.

Nel avait paru troublée par la question pendant une fraction de seconde, puis son masque d'impassibilité et de calme était revenu sur son visage.

La Brâkmarienne s'étira dans le fauteuil en ricanant.

-Alors ? insista-t-elle en souriant. J'attends votre réponse... Y a-t-il oui ou non quelqu'un d'autre que nous deux dans cette pièce ?

DemonSphinx tourna machinalement son regard vers le grand miroir accroché au mur. Elle y voyait le fauteuil dans lequel elle était installée, sans bien sûr s'y voir elle-même, comme elle était toujours invisible.

Mais soudain elle nota quelque chose d'étrange. Le miroir était soudé au mur, et touchait le sol. Il n'y avait donc pas d'espace entre le miroir et le mur. Cependant, la Démone put voir le coin d'une feuille de parchemin blanc dépasser sous le miroir...
Comme si le miroir était une porte...

"Un passage secret ?" songea la Brâkmarienne, stupéfiée.

Son sourire sournois s'élargit lentement tandis qu'une idée germait dans son esprit.

"Les Dieux m'accordent encore une chance de m'en sortir..."