Les Mélodies Oubliées

Le Ménestrel s'approchait, avec un air ma-foi assez grave. On en croyait presque qu'il pétait plus haut que son séant, ce bougre-là.
Le bruit de ses abrabottes, qu'il avait mis pour l'occasion, résonnait dans l'assemblée d'une façon bien peu supportable, pour ses spectateurs, comme pour lui.
En effet, le frêle feca voulant passer pour un fort guerrier revenant de batailles fort lointaines, oubliées de tous et toutes, avait oublié qu'il n'était qu'un joyeux poète peu fort au bâton, mais à la rime agréable, selon lui.

Le crépitement du feu se fit entendre, tandis que lui, quittant ses souliers, se faisait attendre. Les abrabottes du brave conteur crépitèrent de plus belle une fois dans le foyer. Joie à celui qui, pied nu, allait se mettre à chanter.

"Helas mes chers amis, dit il, je ne suis pas là pour pousser chansonnette.
Voyez-vous, hier soir je me suis battu avec un grand seigneur écaflip des lointes terres, et malgrès ma victoire éclatante sur ce chaton puceux, j'en ai encore quelques uns de ses poils en travers de ma gorge, ce qui rend à mon chant si renommé pourtant, une belle voix de jeune puceau."

Les spectateurs rirent après une prose comme celle-ci. Les regards qui paraissaient désabusés à son entrée devinrent attentifs aux prochains mots que ce brave ménestrel allait prononcer. Helas pour eux, seul un rototo digne d'un trool ayant bu tous les litres de bière de la réserve du Zooooooornal, s'échappa de la bouche du jeune homme. Les spectateurs se moquèrent, les mégères s'indignèrent, et lui tout confus présenta ses excuses.

"Excusez-moi mes chers amis, il semblerait que ses poils soit si mauvais qu'ils me font roter ! Fort heureusement, ce désagrément à son pesant en histoire, car une fois que j'étais assis dessus, l'Ecaflip me raconta une histoire..."

Il gratta quelque note de son instrument, que les jeunes filles firent un cercle autour de lui, une fois sur leur séant, elles purent admirer la beauté du jeune homme, qui n'avait d'égale que ses pitreries. Mais silence, l'histoire allait commencer...

"Voyez-vous, que cet eca bavard, m'a raconté une bien sombre histoire. Emplie de Mythes et Légendes comme se veut la tradition, et qui m'a inspiré bien des chansons !
Helas, mon infortune ne me permet que de vous partager cette histoire uniquement par les joies orales d'un simple contage."

Les seigneurs iop présent dans la taverne le regardèrent bizarement, et le jeune homme s'empressa de rectifier ses dires minables par une autre minablerie

"Ne me regardez pas comme ça, Amis Iop ! Contage dans le sens du conte que l'on murmure aux enfants avant qu'ils aillent se coucher ! Je veux dire, non pas que vous êtes enfants et qu'il est bientôt l'heure, mais je me verrai fort désagréable si je demandais à vos grands esprits de compter !"

Les iop ne comprirent rien à ce que le ménestrel de fortune venait de dire, mais voyant la réaction amusée des autres, se mirent à rire très fort dans la taverne, et s'enfiler quelques bières, tels des bworks assoifés.
Le Ménestrel regratta son étrange instrument avant de toussoter un peu, comme si il avait vraiment un chat dans la gorge, et sa voix fluette repris la narration.

"Bref, je siegais sur le dos de ce pauvre écaflip, lorsqu'il me raconta une histoire étrange. Etrange, car pour le moins suspecte.
Voyez-vous, selon lui, il y eu une histoire d'amour entre deux disciples de la belle et grande Dame Sacrieur. Je vois déjà le regard amusé des enutrofs pervers !
Je vous parle pas de quelques sauteries faites dans du sang de deux tofus ébouillantés, non, je vous parle d'une belle et tragique histoire d'amour, entre un assassin roublard, et la plus belle des bontariennes..."

Le ton grave que prenait le jeune féca pour terminer sa prose fit soupirer les jeunes filles présentes, qui rêvaient toutes du grand amour. Mais il parait que ce ménestrel en a marre que je le coupe pour décrire la scène, je vais donc m'efforcer de le faire à moindre mesure.

"En effet, car ici c'est moi qui raconte l'histoire, et pas toi, bougre d'âne !
L'histoire se passe il y a quelques années, en Amakna...
Le sale matou avait commencé son histoire par "Il était une fois une sacrieuse très chieuse." Mais les rimes en "euse" me paraissent maladroites, de plus, sachant qu'elle est peut être toujours en vie, je ne vais pas m'aventurer à me prendre un de ses très réputé coup de pied.
Il était donc une fois une sacrieuse, aimée de sa mère et famille adoptive, à l'histoire aussi étrange que banale. Profondément troublée par l'injustice, toussa, elle est devenue bontarienne, puis Ange, prête à défendre veuve et orphelin contre les vils coquins de brakmarien. Riiiiiiiiiiien de plus basique.
Mais l'histoire devenait intéressante lorsque le chaton galeux m'annonça la chose : "toi mon grand héros qui m'a vaincu, tu trouveras inspirations pour des ôdes incomparables et magnifiques chansons dans l'histoire de cette jeune enfant. Mais pas dans son histoire à elle et les chants bontariens devenus si courant, non. Dans ses origines et la belle histoire d'amour de ses parents".
Héhé, je vois vos regards intéressés, je vais donc m'aventurer à vous conter cette histoire, de la façon la plus fidèle que ce jeune chat me l'a raconté..."

Chant I et II : Bolgrot le Dragon et les Six.

"Vous savez tous que le grand Ryke Errel et L'Immense Bolgrot se sont fait des pieds et des poings à grands coups de griffes et d'épées, pour l'amour d'un joli brin de fille, que le dragon avait précédement tué.
Je ne sais pas pourquoi, mais il parait que commencer une histoire en rappelant à tous notre passé commun, débouchant sur la découverte des Six Dofus qui sont aujourd'hui le pourquoi du comment de nos trépidantes aventures en ce monde, enfin, bref, il parait que ça fait bien."
Le Jeune Menestrel gratta quelques notes à son odieu instrument

Chant III : Berceuse d'Eniripsa

L'Ecaflip me raconta, mes amis, qu'un soir de pleine lunes, après que le Mulou-garou dansant nu sous un ciel étoilé pour fêter sa dixième vierge dévorée, naquit un sacrieur. Et que dix années plus tard, le même enfant tua ses propres parents. Ce qui est assez étrange dans tout ça, je trouve, c'est que les méchants sont toujours très forts, dès qu'ils apparaissent dans l'histoire. Enfin, vous connaissez les rites et traditions d'une histoire, faut toujours en rajouter un peu.
Bref, notre ami sacrieur, Ameres, ne tarda pas à travailler pour les Vils Roublards, oui les méchants bonhommes tout noirs. Je vous avais même raconté avec mon ami Zède, l'abraknyde Ancestral, les histoires du vil Vil Smisse.

Ameres Seregon Nenharma devint un tueur impassible et sanguinaire, portant toujours avec lui son fidèle Dora. Il avait un charisme époustouflant d'horreur. Oui je sais, les poils de l'eca me font dire des choses pas très sensées.

Chant IV : Eveil en Amakna

Voyez-vous que ce tueur super sanguinaire qui fait peur se trimballait en Amakna. Il a pu voir cette somptueuse ville s'éveillé à l'aube, avec tous les marchands se préparant à marchander, les pêcheurs à pêcher, et les boulangeurs à boulanger... Les boulangers à faire du pain.
Après avoir zigouillé une personne, celle de sa mission, le voici qu'il prend du bon temps à errer dans la citée. C'est ici qu'il la rencontra. La plus belle des Bontarienne : Alucya. Les cheveux noirs comme la nuit, les yeux bleux comme le ciel, c'était un sacré joli brin de fille, quoi qu'un peu saignant sur les bords. Bizarrement, c'était comme un coup de foudre assez digne de mes propres histoires mes amis, mélange de sourires et regards attendrissants.
Elle le suivit jusque dans sa chaumière dans les landes Sidimottes, et il l'épousa.

Chant V : Envol Ailes Sombres

C'est assez étrange, chers amis, la façon dont Ameres l'assassin parlait à son chef roublard. Comme si ils étaient amis de longue date, une amitié bien fort étrange en mon sens, car les roublards ne sont que trop peu digne de confiance. Ils se répétaient sans cesse "Envol Ailes Pourpres" ou "Envol Ailes Sombres", et ce sacré sacrieur Ameres aimait le dire, avant de se jetter du haut de la tour sombre. Après ce petit rituel, Ameres emmena sa dulcinée voir une danse assez orientale reprenant l'hymne de la cité. Sramette, Sacrieuse et même les nymphes sadidas tremoussaient leurs magnifiques popotins au grès du rythme des instruments assez étranges pour qu'un fou les ai inventé.
A ce moment précis, le ménestrel regarda son instrument, et fit une grimace assez éloquente pour faire rire ses auditeurs qui étaient conquis

Chant VI : La Complainte Roublarde

L'Ecaflip sur lequel j'étais assis dessus avait pris une voix triste et grave. Ces mots furent semblables à sa voix. Selon lui la belle bontarienne et le gentil..euh le méchant roublard vivaient dans le bonheur.
Lorsqu'un jour, des roublards tombèrent au combat contre des bras armés portant l'étendard de Dame Silaisie, vous vous souvenez ?
Les pairs d'Ameres, selon une coutume que je ne connaissais pas, rendirent hommage à leurs guerriers tombés de la main de l'Epée Ailées. Ils se dirigèrent dans la nuit noire, des bougies posées au sol, pour chanter une complainte. Mais la belle Alucya, émue par ce spectacle, en tant que bonne musicienne et excellente chanteuse, a voulu mettre son grain de sel.
La femme d'Ameres se mit à chanter au milieu de cette sombre assemblées, et sa voix résonna plus fort que le rire démoniaque de Djaul lui même. Elle qui pourtant croyait ces gens ses ennemis, elle leur rendait hommage, et pleurait sur leur sort...

Chant VII : Le Destin d'Earlinde

C'est d'ailleurs peu après ce chant que naquit le symbole de l'union impossible, l'enfant d'Alucya et Ameres. Ils lui donnèrent le doux nom d'Earlinde Seregon Nenharma. Les sombres oracles avaient insufflés à l'oreille du père et des autres vieux roublards que le destin de l'enfant était tragique, tout comme celui de sa mère. Ameres n'en a jamais dis mot à son épouse. Il espérait que ces vieux fous se trompaient, car pour la première fois au monde, il ressentait la joie.


Chant VIII : Complainte d'Alucya

La belle Alucya, musicienne aux notes aussi belles qu'elle, aimait chantait, jouant de sa lyre, et parfois Ameres l'accompagnait de sa flute noire.
La Belle Alucya avait écrit une chanson exprès pour sa fille, Earlinde, qui visiblement adorait la musique elle aussi. C'est la veille d'une Ballade En Amakna qu'elle lui chanta pour la première fois ces doux mots, et pourtant emplis de tristesse et nostalgie...


Chant IX : Les Légions Sombres

Ameres et ses chefs avaient préparés un assaut contre Bonta, pour venger les morts faits par les fidèles de la belle Silaisie. Il avait prévu que ceci serait sa dernière mission de roublard, et qu'ensuite il partirait pour vivre en paix avec sa famille sur la baie de l'île de Moon. Malheureusement, une dispute éclata peu avant que les légions se mirent en marche vers la Cité blanche. En effet, Alucya ne voulait pas que les mains de son époux soient entâchées encore plus de sang. Les cris furent horribles, mais Ameres a quand même participé à la mission...
En apparence, car tandis que les soldats de Brakmar partait du pont de feu de la ville de l'horrible Djaul, la sacrieuse coupa à travers champs pour partir prévenir la Cité Blanche. Elle y rencontra Nel, la belle Oracle d'Archangel, et lui avoua tout.

Chant X : Au Nom de Silaisie

Archangel avait déjà préparé cet assaut, et cet ordre terrassa une légion à eux seuls, tandis que Silaisie préparait les miliciens de Bonta.
La Bataille était impressionnante, le monde venait de voir naître un Ordre qui se batait non pas au nom d'une ville, mais au nom de principes purs, que l'on banalisa par la suite par "Angélisme".
Brakmar allait perdre la bataille, étant donné que l'effet de surprise était l'atout majeur pour terrasser la cité.
Mais Ameres avait suivis sa femme, et la trahison qu'il venait de subir fit revenir chez lui la haine, ce sentiment si destructeur, qu'il se mit en chasse de sa femme...

Chant XI : Les Derniers Souffles d'Alucya

Alucya, par les chemins dangereux qu'elle traversait, déclencha la colère du Mulou-garou du début de notre histoire. La bestiole folle poursuivit la belle sacrieuse au travers de quelques bois rares de Sidimotte.
Elle ne pouvait pas se permette de combattre, elle tenait son enfant, Earlinde, dans ses bras. Sa course fut longue, et le Mulou-garou, visiblement fatigué par sa danse de la pleine lune, abandonna la poursuite. Mais une bête encore plus immonde poursuivait Alucya, et cette bête lui fit face, avec son Dora, la pluie clanquant sur lui de manière aussi féroce qu'un tambour de Brakmar !
Ameres faisait face à sa dulcinée !

Chant XII : Entre l'Amour et la Haine

Le regard d'Ameres avait changé, il était pourpre comme le sang et ses ailes déployées. Après un échange de regards, de larmes, de mots... l'Assassin se dirigea vers sa femme portant son enfant, et la transperça de sa lame sombre. Alucya tomba sur le sol, dans son sang, sa fille dans ses bras, et le roublard est parti sans se retourner...
Toute l'assemblée conquise par le recit était assez troublée par le déroulement de cette histoire, les yeux vitreux attendirent une suite...

Le Ménestrel sirotait son verre d'eau, afin que sa voix n'écorche pas la fin proche de son récit, et sa voix fluette reprit le récit, fier de la foule le regardant attentivement.


Chant XIII : Ceci n'est qu'un Adieu

Alucya regardait son mari partir, avec elle ses rêves de paix et de bonheur, tandis qu'Earlinde se mit à pleurer. Surmontant sa plaie grande ouverte de son ventre et les douleurs qu'elle lui lançait, Alucya se releva avec son bébé dans ses bras. Elle marcha Lentement, mais elle n'était pas si loin de Bonta. Ses pas lents et irréguliers conduisirent la chanteuse jusqu'aux portes de la citée blanche. A l'époque, les zaapis n'étaient pas en place, et croyez moi bonta est grande. Alucya tenta de ramener Sarys à Nel, mais sa vision se troublait de plus en plus au grès des secondes qui lui étaient comptées. Elle déposa Earlinde devant une maison voisine du Sanctuaire de l'Archangel, celle où logeait une eni qui adoptera plus tard l'enfant.
Alucya contemplait le fruit de son amour impossible, et lui chanta sa douce berceuse...

Alucya a réussi à resortir de la ville, et s'est éteinte non-loin, sous un vieux chêne.

Le Silence s'installait dans la taverne, même le feu n'osait plus crépiter de peur de vexer quelqu'un. D'ailleurs les abrabottes avaient finies par être totalement consumée pendant le récit du Menestrel, qui malgrès son fanfaronnage avait réussi à conquérir son auditoire.
Les jeunes filles s'essuyaient leurs larmes à l'aide de mouchoirs brodés soigneusement, et même les iops en avaient les neuils humides. Et le ménestrel se mit à jouer de son instrument

Voyez-vous mes amis, j'ai trouvé que ce que l'écaflip m'a raconté était assez triste, mais assez joli quand même. Earlinde a survécu, et elle fut adoptée par une Eniripsa qui prit soin d'elle. Cette histoire m'a inspiré pour quelques chants et ballades. Mais vous n'écouterez pas la nostalgie d'un simple Menestrel fatigué de ses voyages, non, vous écouterez l'histoire d'Earlinde Seregon Nenharma, et ce qu'elle m'a apporté. J'ai d'ailleurs continué à voyager après cette histoire là, pour découvrir des lieux, et raconter comme ici, cette histoire que m'a narré cet écaflip.
Je suis donc allé partager ces mélodies oubliées ici et là en Amakna. Je suis d'abord allé admirer une danse de quelques Dames disciples de Sacrieur, ce qui était assez joli et poétique, puis j'ai explorer un ancien temple Otomai sur une ile étrange, je suis allé encourager les disciples de Crâs par quelques chants de leurs temple retouchés à ma façon, écrit une ballade en chemin sur les Souvenirs, puis j'ai raconté l'histoire au Maître-Corbac dans sa terrifiante bibliothèque.

Souvenez-vous mes amis, de ces Mélodies Oubliées, qu'elles soient l'aube d'un jour nouveau dans vos coeurs, avant que le temps nous sépare.
Et notre histoire deviendra, à nous aussi, une légende.

Merci.

Le frêle ménestrel inclina la tête sous les applaudissements des clients de la taverne, les iops en vidèrent quelques chopes de bières. Il y eu ce soir là quelques danses et joyeuseries. Le Ménestrel s'éclipsa doucement.
Un Ecaflip l'attendait dehors.

"Tu ne m'as toujours pas donné le bon rôle, dit l'éca
- Que veux-tu, mais bon, tes poils ne font pas fureur auprès des dames."

L'Ecaflip grommela et soupira, vexé de la réponse de son ami

"En tout cas mon ami, nous pouvons être fiers, ton histoire et mes talents de conteurs nous permettent encore de manger à notre faim pendant quelques temps.
- Oui, je pense qu'il est temps de quitter cet endroit.
- Que penserais-tu d'aller re-rendre visite aux Otomais, je pense qu'ils seraient ravis de nous revoir.
- Allons-y, répondit l'eca en soupirant. Mais penses-tu qu'on arrivera à un jour à la rencontrer ?
- Qui donc ? demandait le feca
- Earlinde.
- J'aimerai...mais bon, personne ne sait si elle existe vraiment. Elle a sûrement changé de nom.
- Sûrement..."


Et ainsi ils se dirigèrent vers le port de madrestram, où leur frêle esquif les attendait, au rythme de quelques notes qu'ils jouèrent le long de leur chemin...