Coup de folie chez les soeurettes

Or a detective story, by Lucie Inzeski with Die Hammond.*

Il faisait froid cette nuit-là. La pluie tombait sur Amakna, comme un
chienchien galeux qui urine sur un vieux porte-manteau. Mauvais temps
pour sortir ! Et pourtant, mon compagnon de toujours, mon fidèle Die
Hamman, un minimino des plus affectueux, se pressait sur ma jambe.
C'était l'heure de sa promenade. Brrrr, quel temps de chienchien !

Je commençais à comprendre pourquoi on m'avait offert ce familier.
Toujours teigneux, limite dangereux, c'était un cadeau empoisonné.
Pourtant, quand je l'avais trouvé dans sa boîte, seul, devant mon pallier,
j'étais tombée raide amoureuse de lui. Ce qu'il était chou, avec ses toutes
petites cornes et son oeil rond ! Qu'ai-je été sotte ! Un présent d'un
ennemi, sûrement, qui savoure sa petite vengeance au fond de son
cachot. J'en ai mis tellement en prison, des vauriens, des crapules, des
malfrats ! Détective privée, à Astrub, c'est pas un métier facile tous les jours.

"Oh ! Hein, ça va, j'ai compris ! Je ne suis pas sourde, je sors !" Aux
grognements de Die Hammond, je sus que la ballade risquerait d'être
longue... Il y avait bien ce Jack London, surnommé Jack le ventru, mais
ça ne collait pas. Lui, il m'aurait plutôt offert un loup blanc ! Minimino, ce
n'était franchement pas son style. Mais qui alors ? Barbe-rose, le pirate
efféminé ? Crisska, le panda édulcoré ? Ou peut-être Bill, le constructeur
de ponts, qui avait, un jour, trouvé un insecte sur sa belle fenêtre toute
neuve et avait décidé, dans un élan de rage, de supprimer toutes les
pommes d'Amakna, histoire de détruire les vers et les punaises ? Non,
une bestiole de plus, il n'aurait pas supporté...

Je marchais face au vent. La pluie, comme une multitude de petites
razielles, torturait mon corps ouvert à tout vent. La tempête menaçait.
Déjà, les feuilles s'envolaient, venant par moment fouetter mon visage.
Machinalement, je les repoussais de la main, tenant de l'autre fermement
attachée la laisse de Die Hammond. Quand soudain, par on ne sait quel
étrange phénomène, les feuilles se métamorphosèrent en petit papier
ourlé. Au loin, un juron d'un imprimeur qui fermait sa fenêtre. Au vol, je
choppai d'une main adroite, qui ne m'avait jusqu'à lors jamais fait défaut,
surtout lorsque la situation l'exigeait, comme cette fois où j'avais
approché le maître rebelle Zatoïshiwan, et où, si je n'avais pas su tirer le
bon poil de barbe au moment adéquat, j'aurais sans doute fini en canette
de Pandnekein, bref, je choppai le bout de papier.

Un mariage entre deux soeurs ! Ce n'était pas banal ! Ma curiosité en
émoi, je décidais d'assister à la cérémonie, d'autant que leurs minois ne
m'étaient pas inconnus. C'était bien sûr ! J'avais arrêté leur mère pour
proxénétisme à plusieurs reprises... Cette Catine n'était pas un modèle
de vertu. Die Hammond était peut-être son oeuvre ! Je profiterais de la
cérémonie pour interroger les deux soeurs. Peut-être en sauraient-elles
davantage sur la question ? Les ecaflips, c'était bien connu, ça cache toujours leur jeu !


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* Ou une histoire policière, par Lucie Inzeski et Die Hammond